Un jour, j’en ai eu marre que ça parte dans le lavabo… Tant de petits brins d’ADN dont le potentiel se perdra dans une station d’épuration… Bref, j’ai décidé de donner mon sperme 😄
Bien entendu, ma démarche est un peu plus construite que cela, l’idée m’a trottée depuis quelques années avant de passer enfin à l’acte. En bon donneur de sang, je me suis demandé ce que je pouvais donner en plus, un peu d’ADN à des parents coincés dans un problème de stérilité ? Allez, c’est parti !
Le cadre légal
Pour faire court, pour donner, il faut avoir entre 18 et 44 ans et être en bonne santé. Il n’y a pas d’obligation d’avoir déjà des enfants.
Évidemment, il n’y a pas de filiation entre toi et les enfants issus de ton don, et donc pas de responsabilité vis à vis d’eux. Pas sûr qu’il y ait beaucoup de donneurs sinon 😀
Le plus important étant que la nouvelle loi de bioéthique permet désormais aux enfants issus d’un don de gamètes (ou d’ovocytes) d’accéder à l’identité du donneur à leur majorité.
Le process initial
Ne donne pas son sperme qui veut ! Avant de partager votre ADN avec des futurs parents, il faut passer trois entretiens avec : un médecin, un généticien et un psychologue.
L’entretien avec le médecin est principalement administratif avec un rappel du fonctionnement du don et de la loi, et une pré-inscription à la banque de donneurs, qui précise certains traits physiques et sociaux de ta petite personne. Il est aussi demander ta motivation… tu peux même joindre une petite lettre à destination des futurs enfants nés de ton don. Personnellement, je m’en suis tenu à la case à cocher qui dit “pour aider des futurs parents”. Écrire un roman là dessus, ça ressemble plus à un shit test selon moi pour détecter les gens chelous qu’autre chose, mais si tu es inspiré, sors la plume !
Dans la foulée, tu as le droit à une prise de sang pour vérifier que tu n’as pas d’IST latente, petit coquin.
Deuxième entretien, c’est au tour de la généticienne. Le but ici est de faire le tour des maladies te concernant ou concernant les membres de ta famille pour limiter le risque que ton brin d’ADN n’apporte des choses pas chouettes à ta descendance par procuration. On parle ici de pathologies vraiment problématiques, la cataracte de ta grand-mère importe peu sauf si elle l’a eu à 20 ans…
Pour ma part, j’avais un peu préparé le coup en questionnant ma famille mais j’ai dû renvoyer quelques réponses plus tard par mail pour finaliser l’entretien. Si t’es brouillé avec la moitié de ta famille, cette partie risque d’être bloquante…
Dernier entretien avec le psychologue et sans surprise la discussion tourne autour du don. C’est clairement pas le moment de traiter ta peur de l’abandon ou ton complexe d’infériorité… La discussion a donc porté sur ma situation personnelle et ce qui m’a conduit à faire cette démarche du futur donneur. Le psy a ensuite insisté le fait que les enfants issus de mon don pourront tenter de me contacter à leur majorité, et qu’il sera sage d’en parler à mes enfants avant. Bref, mets toi un rappel de mettre des bières au frigo pour dans 18 ans, on ne sait jamais !
A l’issue de ces 3 entretiens, le grand conseil des gamètes se réunit une fois par mois pour décider si ton sperme est sélectionné pour rejoindre la banque de France – du sperme. Si tu n’as pas un grain au cerveau et qu’il n’y a pas de maladie grave dans ta famille, ça ne devrait pas poser de problème ! Tu peux maintenant prendre rendez-vous pour ton premier prélèvement petit veinard !
Le prélèvement
J’aime bien ce terme, le prélèvement, c’est la façon élégante de dire “je vais me branler dans un bécher” 😀
Rendez-vous donc pris pour un premier “prélèvement”, il faut savoir qu’il en faudra 5 autres pour finaliser le don. Autant dire que ça ne sert à rien de se mettre la pression pour remplir l’éprouvette, il y aura d’autres essais. Et tu n’y arriveras pas de toute façon. Petit rappel, l’éjaculat, c’est 2mL à 8mL, l’éprouvette peut en contenir 25 sans problème.
Le technicien du laboratoire t’explique la procédure à suivre : prise d’échantillon d’urine pour commencer (ne fais pas l’erreur d’uriner juste avant ton rdv !), nettoyage des paluches, désinfection du zizi et c’est parti !

La salle de prélèvement n’a rien de sexy, un petit canapé avec un voile en papier pour l’hygiène, un lavabo et une poubelle. Pour toute aide de stimulation, tu auras un joli tableau à contempler (variable selon le lieu de ton don). Je te conseille de ramener ta propre lecture si tu en as besoin.
Niveau timing, personne ne viendra te mettre la pression, enfin si cela dure une heure, il est possible que le personnel commence à s’inquiéter un peu.
Une fois le moment venu, il faut bien viser l’éprouvette, sans toucher les bords pour garder le tout aussi hygiénique que possible.
Voilà, c’est fait, la précieuse semence va être analysée et mise au congélo ! Plus que 5 “prélèvements” !
Ah, j’oubliais le plus contraignant, il faut 3 à 5 jours d’abstinence avant ton “prélèvement”. Selon ta vie sexuelle, ça a son importance mine de rien, mais on peut aussi s’amuser sans éjaculer non ?
Alors, prêt à donner tes gamètes ou tu les réserves à ta partenaire ?